Guilleret, prêt à relever de nouveaux défis, vous arrivez en Suède pour y travailler avec la vague idée que les codes culturels seront forcément un peu différents mais sans totalement réaliser qu’il va vous falloir développer de nouvelles compétences interculturelles. Pourtant, c’est un procédé de longue haleine, suivez le guide !
La compétence interculturelle repose sur votre capacité à nouer des relations avec d’autres individus dans un contexte de décalage ou de choc culturel. Elle nécessite de poser un regard neuf sur l’autre, de ne pas projeter sur ce nouveau monde les modes de pensées et les a-priori auxquels vous étiez auparavant habitués. Comment faire ?
Intégrer le fait que vos interlocuteurs ont leurs propres attentes et perceptions
Prenons un manager français: il arrive dans une équipe suédoise. Il cherche à appliquer les codes locaux mais inconsciemment, les applique « à la française » , du moins selon ses collaborateurs suédois. Eux, de leur côté, bien que prêts à faire également des efforts, renforcent l’aspect égalitaire de la relation hiérarchique en étant un peu plus virulents que de coutume dans leurs arguments envers leur supérieur.
Rien ne va plus, le manager français craint l’image que cela risque de renvoyer à sa propre hiérarchie, s’énerve et annonce une décision qu’il ne discutera plus. Le dialogue est rompu.
A terme, cela pourra remettre en cause l’estime et la confiance en soi du manager et des membres de l’équipe et au final la performance de toute l’équipe, alors que tous faisaient au départ preuve de bonne volonté pour s’entendre mais n’ont pas verbalisé leurs attentes.
Nous cherchons souvent à anticiper la réaction de notre interlocuteur et ajustons notre comportement en conséquence, généralement inconsciemment, alors qu’une aucune parole n’a été prononcée. Le hic est que cette anticipation, preuve de bonne volonté, est biaisée par nos propres attentes et craintes, et mène plus souvent à un langage de sourds et à des conflits qu’à une vraie entente et performance.
Offrez-vous une pause et exprimez-vous et demandez à vos interlocuteurs d’en faire autant.
Eviter de faire aux autres, sans réflexion préalable, ce que vous souhaiteriez qu’ils vous fassent : éviter de reporter vos propres attentes sur les comportements d’autrui
Un responsable se connecte au réseau de son entreprise tard un soir. Il s’aperçoit que l’un de ses collaborateurs est également en ligne et lui envoie un message pour lui montrer qu’il l’a vu et reconnaître son engagement. Le collaborateur lui rétorque abruptement qu’il n’est pas connecté pour discuter mais pour travailler. Pour l’un, la reconnaissance verbale pour l’engagement professionnel est primordial, pour l’autre la préférence va à la réalisation de ce travail pour profiter ensuite pleinement de son temps personnel.
Ne seriez-vous enclin à penser: « Ok… sympa… » ou encore « Qu’est-ce qu’il lui prend? » Ne le prenez pas personnellement. Observez les codes et respectez l’étiquette de la culture en présence.
L’intention ne fait pas l’action : faites de vos connaissances, de vous-même et de votre environnement, une force motrice
Être conscient de son « profil » culturel (la manière dont votre culture impacte votre mode de pensée et vos comportements), développer des connaissances sur le pays d’accueil, c’est très bien mais s’en servir pour agir est encore mieux ! La question désormais est de savoir si vous voulez adapter ou non votre état d’esprit, vos attitudes et comportements à votre nouvel environnement.
Respirez, faites une pause et sortez du jugement
Pensez à une situation lors de laquelle vous étiez en colère, fatigué, frustré par ces “Suédois” ou au contraire “en état de grâce”.
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Reprenez points par points ce que vous savez ou avez pu observer des pratiques suédoises et des pratiques auxquelles vous êtes habitué ou qui vous semblent logiques. Certains de ces points vous permettent-ils d’expliquer les émotions ressenties?
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Quelles émotions vos comportements ont-ils pu déclencher chez vos interlocuteurs?
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Vous ne pouvez contrôler les émotions qui jaillissent en face mais vous maitrisez votre état d’esprit et vos comportements. Comment les protagonistes, en commençant par vous-mêmes, auraient-ils pu agir pour que la situation produise un résultat positif?
Appuyez sur les ressemblances, apprenez des divergences : Elles sont complémentaires et peuvent vous emmener bien plus loin que vous ne le pensez !
Ne subissez pas les cultures, servez-vous en !
Personne ne vous demande de choisir. Ce n’est pas parce que vous êtes quelqu’un de plutôt introverti que vous n’adoptez jamais des comportements extravertis. Il en va de même avec les cultures. Elles ne déterminent pas votre personnalité, seulement une orientation comportementale. Servez-vous d’elles comme d’outils pour vous faire entendre, comprendre et vous épanouir dans votre environnement.
Au lieu de centrer votre attention sur ce que vous voulez dire, concentrez-vous sur comment vos interlocuteurs vont recevoir votre message.
« Manager français d’une équipe franco-suédoise, je cherche à motiver mes troupes. Je sais, sans jugement de valeur, que les deux cultures sont individualistes et donc que chacun des individus cherchent une situation au sein laquelle il a quelque chose à gagner. Reconnaissance en public ou en privé, promotion, augmentation salariale, temps personnel supplémentaire, séminaire…, c’est l’expression de cet individualisme qui diffère. A moi, manager, d’identifier comment jouer sur ces orientations culturelles ».
Connaître les différences et points de convergence entre cultures ne sert à rien si cette connaissance n’est pas utilisée. Passez de la compréhension à l’action.
Restez indulgents avec vous-mêmes
Vous pourrez déterminer seul l’efficacité de vos actions mais leur pertinence sera décidée par votre interlocuteur, celle-ci étant directement liée aux préférences culturelles.
Respirez, ne prenez pas trop personnellement ce qui peut se produire, trouvez votre petite accroche qui permettra de mettre tout le monde à l’aise. Je vous donne la mienne: je parle beaucoup avec les mains, impossible de tenir un micro devant ma bouche par exemple. Ce mode d’expression n’est pas très « suédois ». Du coup, je l’annonce dès le départ en leur demandant de ne pas m’en tenir rigueur si je manque de donner une gifle à quelqu’un arrivant derrière moi! Le rire que cela enclenche généralement permet de débuter la réunion dans de bonnes conditions!
A vous de jouer!
Article publié sur lepetitjournal.com/stockholm