Vous avez déjà entendu parler de la fameuse courbe en U décrivant les 4 phases émotionnelles de l’expatriation ? Elle schématise comment chacun passe par une phase de lune de miel puis de choc culturel avant de connaître un sentiment d’adaptation et d’intégration.
1. La super phase de la lune de miel
C’est quoi?
C’est comme des vacances! Vous êtes détendus, découvrez avec plaisir votre nouvel environnement et les différences vous amusent. Vous êtes un touriste dans votre pays d’adoption.
Le hic ?
Difficile de vivre une lune de miel si vous n’avez pas souhaité cette expatriation! Vous pensez que vous “n’avez pas le choix” ou bien vous rejetez dès le début certains éléments du pays.
Quoi faire?
- Préparez-vous en amont. Quand vous partez en vacances, vous identifiez les sites à voir, les activités, les fêtes locales, la monnaie à utiliser… Pourquoi serait-ce différent en expatriation? Discutez avec des gens qui connaissent bien le pays, rares sont ceux qui refusent de partager leur expérience.
- Si vous estimez “ne pas avoir le choix”, la question est de savoir en quoi consiste vraiment ce choix? La réponse est souvent plus complexe que le simple fait de choisir une destination car elle implique le travail, le développement personnel, la famille… Et maintenant que vous êtes là, comment pouvez-vous faire pour contrebalancer le rapport avantages / désavantages ?
- Si si, vous pouvez aussi être en lune de miel! Vous devez bien vous dire quelque fois “Oh, c’est top ça!”.
2. Rien ne va plus, c’est le choc total!
C’est quoi?
La romance du début devient votre nouveau quotidien et ce qui vous faisait rire ou vous attendrissait jusqu’à présent vous crispe littéralement!
Le hic?
Vous perdez vos repères, votre routine ne fonctionne plus et vous pouvez vous sentir perdu. La tristesse, l’irritation ou encore la colère peuvent vous amener à réagir et parfois aller jusqu’à engendrer un repli sur vous-même, lié à un fort sentiment de solitude et ainsi vous enfermer dans cette phase de choc.
Quoi faire?
- Toutes les émotions sont bonnes à prendre! Elles existent pour vous faire réagir et avancer. Ce sont les comportements consécutifs aux émotions qui peuvent être constructifs ou destructeurs.
- Pour mieux appréhender la situation , je vous propose l’exercice de la bouteille (pas littéralement !).
Dessinez une bouteille et placez y tout ce qui vous irrite, vous angoisse et vous stresse, de la chose la plus insignifiante à ce qui vous “bouffe” totalement.
Une fois que c’est fait, prenez du recul et identifiez tous les éléments sur lesquels vous pouvez agir. Indiquez ce que cela vous apporterait de ne plus en pâtir. Si l’effort à fournir pour les éviter vous paraît plus profitable que de continuer à les subir, agissez concrètement pour ne plus les rencontrer.
Certains éléments sont encore dans la bouteille? Peut être sont-ils hors de votre contrôle et ne dépendent pas de vous personnellement. Si vous ne pouvez pas les faire disparaître complètement, cherchez à en diminuer l’impact négatif.
- Tout changement demande des efforts. Et si le stress s’avérait positif ? Est-ce que quelque chose dans la bouteille vous pousse vers l’avant?
3. L’adaptation ou quand on commence à respirer
C’est quoi?
Vous prenez du recul. Vous vous appropriez le monde qui vous entoure. Vous en comprenez les codes. De nouvelles habitudes et de nouveaux repères s’installent dans votre quotidien.
Le hic?
Les 2 premières phases sont des phases émotionnelles, non maîtrisables. Cette troisième phase repose sur un choix personnel relatif au “faire avec”. Vous êtes libres de choisir ce qui vous convient le mieux, adapter vos comportements ou non et d’en assumer les conséquences qu’elles soient bénéfiques ou non.
Un second hic serait de vouloir s’adapter à tout prix quitte à vous oublier totalement. C’est ce qu’on appelle la sur-adaptation. C’est le cas d’une personne au sang chaud qui tente de ne plus se mettre en colère car, “en Suède, on ne perd pas son calme”. Résultat, elle devient une véritable cocotte-minute ambulante prête à exploser à tout instant.
Quoi faire?
- L’adaptation est une question de choix tout autant que d’ouverture d’esprit face à votre nouveau cadre de vie.
- Les nouvelles valeurs que vous voulez appliquer dans ce nouveau contexte doivent s’accorder au “Connais-toi toi-même” de Socrate.
4. Le Graal de l’intégration
C’est quoi?
Vous vous sentez désormais chez vous et êtes parfaitement accepté par votre environnement comme en étant partie prenante.
Le hic?
Pour exister et se sentir intégré, vous devez vous sentir reconnu par vos pairs, habitants locaux et internationaux. Vous avez besoin de faire partie de la communauté locale. Et cela n’est pas à 100% sous votre contrôle.
Quoi faire?
- Demandez-vous ce que “être intégré” signifie pour vous.
- Laisser le bénéfice du doute aux autres: ce n’est pas parce qu’un Suédois vous répond en anglais qu’il vous refuse dans son pays. Il peut très bien remarquer votre effort de parler dans sa langue et vouloir se mettre au même niveau que vous en parlant lui aussi une langue étrangère; De plus, lui-même doit intégrer le fait que son environnement devient international et donc différent.
- Donnez-vous et donnez-leur du temps! Même en France, il faut parfois une ou plusieurs générations avant d’être intégré dans une nouvelle région.
Cette courbe traite d’émotions et par conséquent, elle est non linéaire. Elle me fait plutôt penser à un yoyo émotionnel qui, dans un mouvement de va et vient, vous fait passer par plusieurs de ces phases dans une même journée et parfois, plusieurs fois par jour.
Si le jeu peut être épuisant, la pratique permet d’exécuter des figures de plus en plus complexes et fera de vous un virtuose de l’expatriation.
Article publié sur Le Petit Journal Stockholm